L’habitat des canuts
On peut considérer trois grandes périodes concernant les lieux de travail du canut et son habitat.
Avant l’invention de Jacquard : Les tisseurs depuis le XVIème siècle sont dans le quartier du Vieux Lyon et montée de la Grande-Côte. Ils tissent souvent dans les derniers étages pour profiter de la lumière et les ateliers ont des hauteurs de plafond habituelles.
Après l’invention : A partir de 1815, 1820, ils s’installent principalement sur le plateau croix-roussien et en haut des pentes à partir d’une ligne qui emprunte au sud la rue des Tables Claudiennes jusqu’à la place Rouville à l’ouest. Les immeubles ateliers, souvent de 4 étages, ont des fenêtres très hautes, sans volet, sans encadrements ornés et leur façade ne possède la plupart du temps aucun balcon. Une architecture que l’on peut qualifier, d’architecture d’usine. Les rues percées lors de la construction des immeubles sont plus larges que dans le Vieux Lyon et permettent de travailler dès le 1er étage. La lumière pénètre dans les ateliers obligeant le chef d’atelier (canuts tisseur sur soie propriétaire des métiers) à mettre sur le châssis de la fenêtre un papier huilé pour que la lumière soit diffusée mais que les rayons du soleil ne décolorent pas les fils de soie qui sont teints. Les ateliers ont plus de 4 mètres de hauteur (les métiers « Jacquard font 3,90 de hauteur), les plafonds possèdent des poutres permettant de caler les métiers pour éviter les vibrations. L’atelier est vaste mais encombré de métiers. Au sol des carreaux de Verdun et dans un coin un plancher clos, à mi-hauteur et une échelle pour y accéder. C’est la soupente ou la « suspente » où vont dormir les compagnons et les apprentis. Dessous on trouve le « coin cuisine » avec sa pierre d’évier.
Fin du XIXème et XXème siècle : La concentration des moyens de production et des capitaux entraîne la création d’usines pour le tissage de l’uni. Le nombre de canuts régresse et ne reste que ceux qui fournissent un travail nécessitant un grand savoir-faire. Les métiers se mécanisent et les tisseurs vont abandonner peu à peu les étages des immeubles ateliers pour œuvrer aux rez-de-chaussée. Les ateliers libérés permettent leur reconversion en logements pour une population d’ouvriers ou d’employés. Le cubage de la pièce obligera ces derniers à mettre des faux plafonds afin de ne pas avoir trop froid. A la fin du XXème siècle, une nouvelle population plus fortunée, à la recherche de « l’authentique » et d’une certaine qualité de vie, prend possession des lieux. Les moyens de chauffage ont évolués et les faux plafonds ôtés. Tout naturellement, à la vue de la hauteur des plafonds, les nouveaux habitants installent les « mezzanines » qui prennent ainsi la place des « suspentes » !
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