Dans cet extraordinaire laboratoire social qu’est l’Echo de la Fabrique, quelques articles parus en avril 1833 retiennent l’attention. Ils annoncent un tournant important dans la prise de conscience ouvrière de la nécessité de dépasser les clivages corporatistes pour aboutir à une solidarité prolétarienne. Cette étape essentielle dans l’histoire des travailleurs est d’autant plus forte, plus symbolique qu’elle est franchie à l’occasion du conflit des ouvriers tailleurs de pierre. Or le compagnonnage qui était le mode d’organisation et de défense des ouvriers, est né des tailleurs de pierre. Il y a là une véritable rupture avec les pratiques historiques des travailleurs manuels. Nous reviendrons prochainement sur l’histoire du compagnonnage avec ses aspects positifs et négatifs mais en attendant quelques textes d’avril 1833 permettant de comprendre ce qui est en train de naître à Lyon.
L’Echo de la Fabrique du 7 avril 1833 réagit vivement quand il apprend que 3 ouvriers tailleurs de pierre sont arrêtés pour le délit de coalition.
"Les ouvriers tailleurs de pierre ont fait, il y a près d’un mois, des conventions avec les maîtres tailleurs de pierre : un tarif a été librement arrêté entre eux tous. Quelque temps après un sieur Rivière, signataire des conventions, n’a plus voulu s’y soumettre ; ses ouvriers ont quitté son chantier et ont cherché ailleurs un travail mieux rétribué. Rivière a porté plainte, et les sieurs Châtelet, Morateur et Breysse ont été arrêtés comme coupables de coalition et coupables en outre d’avoir fait cesser le travail dans le chantier de Rivière. Ces trois pères de famille ont paru devant le tribunal correctionnel après huit jours de détention. Le tribunal les a acquittés et n’a pas même cru devoir entendre leur défenseur, Me Chanay. Ils pensaient être mis en liberté, mais le procureur du roi a interjeté appel, et des hommes qui sont nécessaires à leur famille, sont ainsi détenus préventivement parce que tel est le bon plaisir de M. Chegaray. Il a, nous le savons, usé de son droit, mais le vice de nos lois ne devrait-il pas être amendé par la sagesse de nos magistrats. Quel danger y a-t-il pour la société dans la mise en liberté d’hommes qui, s’ils étaient coupables, n’auraient à craindre qu’une condamnation à quelques jours de prison. Pourquoi cette punition préventive, sans utilité pour la société, sans compensation pour les malheureux qui y sont soumis."
Le journal des canuts rappelle qu’en octobre 1831, pour le même délit, les ouvriers en soie n’avaient pas été poursuivis et encore moins soumis à une arrestation préventive :
"Allons plus loin : les ouvriers tailleurs de pierre ne sont ni plus ni moins coupables que les ouvriers en soie, que les ouvriers tullistes. Les circonstances sont identiques. D’où vient qu’on emploie une manière de procéder différente ? Les ouvriers en soie, les ouvriers tullistes n’ont pas été soumis à une arrestation préventive ; les premiers n’ont pas même été poursuivis. La justice cependant ne doit pas avoir deux poids et deux mesures. Voudrait-on laisser croire que les ouvriers en soie n’ont dû leur liberté qu’à la crainte que leur nombre inspirait, et non à la justice de leur cause, à la sympathie du pouvoir pour la classe prolétaire ? De deux choses l’une, ou M. Varenard ne fit pas son devoir en octobre 1831, ou M. Chegaray fait plus que le sien en mars 1833."
Puis l’Echo de Fabrique précise son rôle :
«Les ouvriers tailleurs de pierre trouveront dans l’Echo de la Fabrique un appui naturel à leur cause ; car nous nous empressons de leur l’offrir ; car nous ne voulons pas qu’on oublie que l’Echo de la Fabrique, quoique journal d’une industrie spéciale, est aussi celui de la classe laborieuse tout entière ; il est la tribune du prolétariat. Toutes les industries sont solidaires pour la répression des abus, des privilèges, pour l’adoption de ce principe sacré qui fait la base du droit des hommes salariés Vivre en travaillant."
Enfin les tailleurs de pierre vont écrire au journal ce texte fondamental. L’Echo l’accompagne d’une présentation intéressante sur l’esprit qui anime les journalistes.
"Nous publions sans commentaire l’adresse suivante des ouvriers tailleurs de pierre aux ouvriers en soie, car nos paroles seraient trop au-dessous des sentiments que sa lecture fait naître.
Nous remercions, en ce qui nous concerne, les ouvriers tailleurs de pierre du souvenir honorable qu’ils veulent bien nous accorder. Il nous est doux de recevoir au milieu du combat et avant la victoire, le salaire de nos faibles mais consciencieux travaux.
Nous avons encore beaucoup à faire pour être dignes de cette récompense ; nous le ferons. Nous puiserons de nouvelles forces dans ce témoignage de la sympathie de nos concitoyens. Forts de cet appui que nous trouvons dans l’opinion publique, nous continuerons, sans craindre les entraves que les ennemis de la cause sacrée à laquelle nous avons voué notre existence, pourraient nous susciter, nous continuerons à marcher d’un pas ferme vers le but que nous nous sommes proposé : l’émancipation physique et morale de la classe prolétaire. Dieu et la liberté nous soient en aide. God and liberty (Voltaire à Franklin).
Aux ouvriers en soie.Nous nous empressons de vous manifester notre reconnaissance pour la généreuse sympathie que vous avez témoignée pour nos frères détenus : le journal qui s’est spécialement consacré à la défense de vos intérêts, s’est hâté de nous offrir son appui ; nous sommes heureux et fiers de cette bienveillance. Le temps n’est plus où nos industries se poursuivaient d’injures et de violences mutuelles ; nous avons enfin reconnu que nos intérêts sont les mêmes, que loin de nous haïr, nous devons nous aider, et qu’un esprit de confraternité doit nous unir tous. De tant de faisceaux séparés ne formons qu’un seul faisceau : les travailleurs ne peuvent améliorer leur sort que par une association toute fraternelle ; puisse votre exemple amener enfin l’oubli de toute funeste rivalité ; puissent toutes les professions se donner la main ! A vous appartiendra l’honneur d’un aussi noble résultat.
Recevez en particulier, M. le rédacteur, l’expression de notre gratitude pour vos généreux et constants efforts en faveur de la cause sainte de l’émancipation des prolétaires.
Pour nos frères, les tailleurs de pierre :
Signés : Savigny, Doyen, Tissier cadet, Tissier aîné, Baron, Berger, Taboulat, Louis Aimard, Gentil, Respaux, Boiron, Cousin, Pain, Mouchard, Bourgeois, Bidault, Berset, Vallèle, Perrin, Sourd père, Sourd fils, Trouvet, Michelon, Guillermin, Pilloud, Escudié, Goujon, Hourlat, Goubre, Perruquet, Imbert, Aspet, Guillaume, Aubriaque, Uze, Carret, Peterre, Drevet, Perrin cadet, Deschamp, Lefroid, Chabout, Venture, Chatte, Faure, Chapotton, Constant, Constantin, Bellevêque, Durand, Barthès, Lizet fils, Marchand, Michelon, Berguirailles, etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc."
samedi 19 avril 2008
jeudi 17 avril 2008
Poésie
En 1834 sort un ouvrage imprimé à Genève intitulé La Voix du Peuple. Un recueil de poésies signé par « Le citoyen D***, Prolétaire ». Il s’agit de T. Depassio, un chansonnier républicain. Or Depassio a séjourné à Lyon où il fut emprisonné quelque temps en 1831. Le livre que nous avons pu consulter comporte une dédicace manuscrite « au citoyen Marius Chastaing » qui fut le rédacteur en chef de l’Echo de la Fabrique. Une preuve supplémentaire sur l’importance des textes poétiques mis en chanson à l’époque. Textes qui étaient lus par les canuts. Ce poème engagé, dirions nous aujourd’hui, contribue pour moi, à montrer que l’on ne peut se contenter en évoquant cette période que de textes relatant la misère des ouvriers de l’époque. Ils sont en train de poser les fondements des organisations de travailleurs et les principes d’une République juste.
Le prolétaire :
L’autre jour un homme de bien
Au salon littéraire
Me dit : « Qu’est-ce donc qu’un vaurien
Qu’on nomme prolétaire ? »
Monsieur, soyez sans effroi,
Lui dis-je, et regardez-moi :
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle vaurien.
Ce gueux qui, né sur un grabat,
Souvent meurt à l’hospice ;
Ce gueux qui sans faire d’éclat,
Sans doute par malice,
Avant de voler son pain
Préfère mourir de pain :
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
Cet effronté qui tour à tour
Sur la terre et sur l’onde ;
Barbare dont l’audace, un jour,
Civilisant le monde,
Fit vaisseaux, palais, salons,
Et n’habita que prison,
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
Sa main qui bâtit vos maisons
Et perce les montagnes,
Sait couvrir de riches moissons
Vos fertiles campagnes.
Son bras, toujours agité,
Nourrit la société ;
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
Ce brutal, cet écervelé,
Qui rit de la mitraille,
Et qui n’a jamais reculé
Sur le champ de bataille ;
Qui, du sort bravant les coups,
Se fait fusiller pour vous :
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
Ce soldat qui, dans son chemin,
Vingt fois sauve la France ;
Qui de l’Europe, dans sa main,
Vingt ans tient la balance ;
Que l’on nomme au Panthéon,
Murat et Napoléon :
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
Enfin celui qui de nos jours
A s’instruire s’applique,
Ce pillard vous disant toujours
Qu’il veut la république,
Entend, par la liberté,
Raison, justice, équité
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
Le prolétaire :
L’autre jour un homme de bien
Au salon littéraire
Me dit : « Qu’est-ce donc qu’un vaurien
Qu’on nomme prolétaire ? »
Monsieur, soyez sans effroi,
Lui dis-je, et regardez-moi :
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle vaurien.
Ce gueux qui, né sur un grabat,
Souvent meurt à l’hospice ;
Ce gueux qui sans faire d’éclat,
Sans doute par malice,
Avant de voler son pain
Préfère mourir de pain :
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
Cet effronté qui tour à tour
Sur la terre et sur l’onde ;
Barbare dont l’audace, un jour,
Civilisant le monde,
Fit vaisseaux, palais, salons,
Et n’habita que prison,
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
Sa main qui bâtit vos maisons
Et perce les montagnes,
Sait couvrir de riches moissons
Vos fertiles campagnes.
Son bras, toujours agité,
Nourrit la société ;
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
Ce brutal, cet écervelé,
Qui rit de la mitraille,
Et qui n’a jamais reculé
Sur le champ de bataille ;
Qui, du sort bravant les coups,
Se fait fusiller pour vous :
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
Ce soldat qui, dans son chemin,
Vingt fois sauve la France ;
Qui de l’Europe, dans sa main,
Vingt ans tient la balance ;
Que l’on nomme au Panthéon,
Murat et Napoléon :
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
Enfin celui qui de nos jours
A s’instruire s’applique,
Ce pillard vous disant toujours
Qu’il veut la république,
Entend, par la liberté,
Raison, justice, équité
Voilà le prolétaire,
Coquin qui ne possède rien ;
Voilà ce que sur terre
On appelle un vaurien.
lundi 7 avril 2008
Nombre de métiers à tisser
Quelques chiffres concernant le nombre de métiers à tisser
Nous avons peu de chiffres sur le nombre de métiers à tisser à Lyon au XVIIIème et XIXème siècle. C’est pourquoi l’ouvrage de C. Beaulieu, « Histoire du commerce de l’Industrie et des Fabriques de Lyon » publié en 1838 est intéressant.
En 1788 un état général des métiers travaillants ou vacants dans Lyon a été commandé par les consuls de Lyon :
Il y a 58 500 ouvriers de tout genre et 14 777 métiers.
Les tires en occupaient :…………………………........... 1 042
Les velours :………………………….…………………...........463
Les façonnés :……………………………………………..........240
Les pleins :…………………………………………….........…5 583
Les gazes et crêpes :………………………….……...…….2 007
Métiers vacants à cette époque :……………………....5 442
En 1829
Nombre d’ateliers :…………………………….……….....17 254
Ils renfermaient les métiers suivants :
Unis :……………………………….…………………........... 14 695
Grande tire :……………………….………………………......... 32
A la Jacquard :……………………………….…........………8 745
Velours :……………………………………….…………............918
Gazes et crêpes :………………………………………............964
Tulles :…………………………………………………............ 1 756
Bas :………………………………………………………............. 653
Passementerie :……………………………………………...... 500
Métiers en repos :…………………………………………...... 745
(Beaulieu signale que : « le grand nombre de métiers à la Croix-Rousse, à la Guillotière, à Vaise et dans la plupart des commune de banlieue, portait à près de 31 000 ceux mis en activité ».)
En 1837
7 000 métiers en activité dans Lyon
Tires :……………………………………………………............. 300
Velours :………………………………………………….............500
Pleins :…………………………………………………............ 3 100
Gazes er crêpes :………………………………………….........300
Façonnés :………………………………………………...........2 800
D’autre part J-F Bunel indique dans son ouvrage « Tableau Historique, administratif et Industriel de la Ville de la Croix-Rousse (1842) que d’après le recensement de 1841, il y a :
9 201 métiers à la Croix-Rousse
Unis……………………………………………………….............1 951
Façonnés………………………………………………...........…5 760
Velours………………………………………………............……..796
Velours Coton……………………………………………...........…...7
Tulles…………………………………………………………....……145
Bas…………………………………………………………….....……...19
Passementerie…………………………………………………………4
En repos………...…………………………………………………....519
Mécaniques à dévider :
Rondes : 1060
Longues : 123
Rappel : Pour cette même année le nombre de métiers dans Lyon, ses faubourgs et les trois villes de la Croix-Rousse, la Guillotière et Vaise, s’élève à 26 526 plus 1813 métiers en repos. Lyon : 17 013 ; La Guillotière : 1845 ; Vaise : 280.
Le nombre total de mécaniques à dévider est de 3 289
Nous avons peu de chiffres sur le nombre de métiers à tisser à Lyon au XVIIIème et XIXème siècle. C’est pourquoi l’ouvrage de C. Beaulieu, « Histoire du commerce de l’Industrie et des Fabriques de Lyon » publié en 1838 est intéressant.
En 1788 un état général des métiers travaillants ou vacants dans Lyon a été commandé par les consuls de Lyon :
Il y a 58 500 ouvriers de tout genre et 14 777 métiers.
Les tires en occupaient :…………………………........... 1 042
Les velours :………………………….…………………...........463
Les façonnés :……………………………………………..........240
Les pleins :…………………………………………….........…5 583
Les gazes et crêpes :………………………….……...…….2 007
Métiers vacants à cette époque :……………………....5 442
En 1829
Nombre d’ateliers :…………………………….……….....17 254
Ils renfermaient les métiers suivants :
Unis :……………………………….…………………........... 14 695
Grande tire :……………………….………………………......... 32
A la Jacquard :……………………………….…........………8 745
Velours :……………………………………….…………............918
Gazes et crêpes :………………………………………............964
Tulles :…………………………………………………............ 1 756
Bas :………………………………………………………............. 653
Passementerie :……………………………………………...... 500
Métiers en repos :…………………………………………...... 745
(Beaulieu signale que : « le grand nombre de métiers à la Croix-Rousse, à la Guillotière, à Vaise et dans la plupart des commune de banlieue, portait à près de 31 000 ceux mis en activité ».)
En 1837
7 000 métiers en activité dans Lyon
Tires :……………………………………………………............. 300
Velours :………………………………………………….............500
Pleins :…………………………………………………............ 3 100
Gazes er crêpes :………………………………………….........300
Façonnés :………………………………………………...........2 800
D’autre part J-F Bunel indique dans son ouvrage « Tableau Historique, administratif et Industriel de la Ville de la Croix-Rousse (1842) que d’après le recensement de 1841, il y a :
9 201 métiers à la Croix-Rousse
Unis……………………………………………………….............1 951
Façonnés………………………………………………...........…5 760
Velours………………………………………………............……..796
Velours Coton……………………………………………...........…...7
Tulles…………………………………………………………....……145
Bas…………………………………………………………….....……...19
Passementerie…………………………………………………………4
En repos………...…………………………………………………....519
Mécaniques à dévider :
Rondes : 1060
Longues : 123
Rappel : Pour cette même année le nombre de métiers dans Lyon, ses faubourgs et les trois villes de la Croix-Rousse, la Guillotière et Vaise, s’élève à 26 526 plus 1813 métiers en repos. Lyon : 17 013 ; La Guillotière : 1845 ; Vaise : 280.
Le nombre total de mécaniques à dévider est de 3 289
dimanche 6 avril 2008
Le parler Lyonnais
Si Clair Tisseur (1827-1895) est celui qui aujourd’hui permet aux gones et aux fenottes de découvrir le charme du parler lyonnais, grâce à son ouvrage « Le Littré de la Grand’Côte », sans cesse réédité, signé par un de ses noms d’écrivain, Nizier du Puitspelu, il n’est pas le seul, ni le premier à vouloir conserver ces expressions et mots si singuliers. Anne-Marie Vurpas et Gérard Truchet aujourd’hui et, avant même la publication du Littré, Jean Baptiste Onofrio. Cet homme d’exception, on lui doit la retranscription des premières pièces du théâtre de Guignol de Laurent Mourguet, a écrit en 1864 un essai d’un glossaire des patois du Lyonnais, Forez et Beaujolais.
On y apprend notamment qu’au XVIIIème siècle, à Lyon, la plupart des artisans parlent encore le patois. La bourgeoisie ne le parle plus, mais elle le comprend, et elle s’en sert encore quelque fois soit dans les divertissements de carnaval, soit lorsqu’elle veut déguiser une satire sous une forme populaire. Il nous apprend que « c’est aussi au XVIIIème siècle qu’on voit apparaître pour la première fois le dialecte canut, langage tout spécial, distinct du patois de nos campagnes et du dialecte commun de la ville, non seulement par l’emploi des termes propres à la profession de nos ouvriers en soie, mais encore par des expressions, par des tournures et par une prononciation particulière. » Pour Onofrio au XIXème siècle, « non seulement personne ne parle le patois à Lyon, mais on ne l’y comprend plus. Aussi n’y publie-t-on rien dans ce langage. C’est le dialecte canut qu’on emploie quand on veut donner à une publication une couleur tout à fait populaire. »
Quelques mots et expressions tirés de l’ouvrage de J-B Onofrio
Aboucher : Faire tomber, renverser et plus spécialement faire tomber sur la bouche, sur la face.
« La nuit je me roule dans mon lit tantôt à crabotton, tantôt à bouchon sans pourvoir quasi deurmir. »
En espagnol on trouve : abocar ; en italien : abbocare
Agacin : Cor aux pieds
« Un jour ayant rendu ma pièce au magasin
Je m’arrête aux Terreaux souffrant d’un agacin. »
Agourra : Gourrer, tromper, frauder
« Par ne pas m’agourra,
J’y me mariarai pas. »
Bacon : Lard, viande de porc salée
(Allez savoir pourquoi nous disons aujourd’hui un « bécone » ! ndlr)
Bambaner : Se bambaner, se promener sans but, flâner ; perdre son temps.
« Je me bambanais tout le long du bitume. »
Bugne : Espèce de gâteau frit à l’huile.
« Dans ce même temps parut en cette ville une excellent fille qu’on appelait la Jeanne. Elle était établie dans la rue Paradis. Elle y avait une manufacture de bugnes à la livre qui fit tomber toutes les autres. Elle était si bonne et le débit en était si considérable qu’après vingt années de travail elle plaça vingt mille écus qu’elle perdit dans une banqueroute. Elle en mourut de douleurs. » Supplément aux Lyonnais dignes de mémoire.
Caffi : Rempli ; épais.
Calade : Pavé, rue pavée ; parvis d’une église.
« Les habitants de Villefranche-sur-Saône appellent encore la calade, le parvis de leur principale église, et la rue sur laquelle elle est située ; et comme cette rue est pour eux un lieu habituel de promenade, ils en ont pris le surnom de Caladois. »
Charpenne : Charme, charmille
« Un village de la commune de Villeurbanne, près de Lyon et autrefois en Dauphiné, s’appelle Les Charpennes. »
Corgniola, Corniole : Gosier, gorge.
Dialogue d’une pièce de Guignol :
« Le père Pierre-Jean – Comment ! Guignol, tu dis que M. le marquis de Saint-Rémy est ruiné ! Son père lui a laissé quatre cent mille francs !
Guignol – Oui ; mais son père lui a laissé aussi une corgnole, et il a tout avalé. »
Cuchon : Tas, amas.
« Les gros ont donc ouvert une souscription
Qui facilitera la démolition
Et de l’Observatoire et des cuchons de pierres
Que de tous les côtés déshonorent Fourvière. »
Equevilles : balayures
M. Breghot du Lut dit qu’on le trouve dans un de nos actes consulaires, daté du 24 novembre 1590.
Fena, Fene, Fenne : Femme.
Aujourd’hui on dit fenotte qui s’emploie dans un sens aimable comme tous les diminutifs.
Gognandise : Bêtise, raillerie
Gone : Enfant, fils ; gamin ; garçon.
« Ca fait regret de voir jusqu’à de simples gonnes
Le brûle-gueule aux dents comme de grandes personnes. »
"Du roman gona, robe ; Les petits enfants portent la robe. C’est, suivant plusieurs étymologistes, un mot d’origine celtique. Il désignait dans la Gaule, un long vêtement de peau. Gown, signifie encore robe, en anglais. »
Pitrogner : Manier grossièrement, gâter, écraser.
« Il pompe dans le jus des raisins qu’il pitrogne. »
Pontificat : Etre dans son pontificat est une locution populaire de nos province qui signifie être dans la plénitude de sa force, de sa santé, de sa beauté. On dit d’un vieillard qu’il est encore dans tout son pontificat pour exprimer qu’il a toute sa vigueur et ses facultés.
San devant derrière : Expression adverbiale dont le sens est de travers, en désordre.
L’orthographe primitive et la seule rationnelle de cette locution est c’en devant derrière, c'est-à-dire Ce qui est devant ira derrière, et réciproquement.L’orthographe sens dessus dessous n’a aucune explication raisonnable
On y apprend notamment qu’au XVIIIème siècle, à Lyon, la plupart des artisans parlent encore le patois. La bourgeoisie ne le parle plus, mais elle le comprend, et elle s’en sert encore quelque fois soit dans les divertissements de carnaval, soit lorsqu’elle veut déguiser une satire sous une forme populaire. Il nous apprend que « c’est aussi au XVIIIème siècle qu’on voit apparaître pour la première fois le dialecte canut, langage tout spécial, distinct du patois de nos campagnes et du dialecte commun de la ville, non seulement par l’emploi des termes propres à la profession de nos ouvriers en soie, mais encore par des expressions, par des tournures et par une prononciation particulière. » Pour Onofrio au XIXème siècle, « non seulement personne ne parle le patois à Lyon, mais on ne l’y comprend plus. Aussi n’y publie-t-on rien dans ce langage. C’est le dialecte canut qu’on emploie quand on veut donner à une publication une couleur tout à fait populaire. »
Quelques mots et expressions tirés de l’ouvrage de J-B Onofrio
Aboucher : Faire tomber, renverser et plus spécialement faire tomber sur la bouche, sur la face.
« La nuit je me roule dans mon lit tantôt à crabotton, tantôt à bouchon sans pourvoir quasi deurmir. »
En espagnol on trouve : abocar ; en italien : abbocare
Agacin : Cor aux pieds
« Un jour ayant rendu ma pièce au magasin
Je m’arrête aux Terreaux souffrant d’un agacin. »
Agourra : Gourrer, tromper, frauder
« Par ne pas m’agourra,
J’y me mariarai pas. »
Bacon : Lard, viande de porc salée
(Allez savoir pourquoi nous disons aujourd’hui un « bécone » ! ndlr)
Bambaner : Se bambaner, se promener sans but, flâner ; perdre son temps.
« Je me bambanais tout le long du bitume. »
Bugne : Espèce de gâteau frit à l’huile.
« Dans ce même temps parut en cette ville une excellent fille qu’on appelait la Jeanne. Elle était établie dans la rue Paradis. Elle y avait une manufacture de bugnes à la livre qui fit tomber toutes les autres. Elle était si bonne et le débit en était si considérable qu’après vingt années de travail elle plaça vingt mille écus qu’elle perdit dans une banqueroute. Elle en mourut de douleurs. » Supplément aux Lyonnais dignes de mémoire.
Caffi : Rempli ; épais.
Calade : Pavé, rue pavée ; parvis d’une église.
« Les habitants de Villefranche-sur-Saône appellent encore la calade, le parvis de leur principale église, et la rue sur laquelle elle est située ; et comme cette rue est pour eux un lieu habituel de promenade, ils en ont pris le surnom de Caladois. »
Charpenne : Charme, charmille
« Un village de la commune de Villeurbanne, près de Lyon et autrefois en Dauphiné, s’appelle Les Charpennes. »
Corgniola, Corniole : Gosier, gorge.
Dialogue d’une pièce de Guignol :
« Le père Pierre-Jean – Comment ! Guignol, tu dis que M. le marquis de Saint-Rémy est ruiné ! Son père lui a laissé quatre cent mille francs !
Guignol – Oui ; mais son père lui a laissé aussi une corgnole, et il a tout avalé. »
Cuchon : Tas, amas.
« Les gros ont donc ouvert une souscription
Qui facilitera la démolition
Et de l’Observatoire et des cuchons de pierres
Que de tous les côtés déshonorent Fourvière. »
Equevilles : balayures
M. Breghot du Lut dit qu’on le trouve dans un de nos actes consulaires, daté du 24 novembre 1590.
Fena, Fene, Fenne : Femme.
Aujourd’hui on dit fenotte qui s’emploie dans un sens aimable comme tous les diminutifs.
Gognandise : Bêtise, raillerie
Gone : Enfant, fils ; gamin ; garçon.
« Ca fait regret de voir jusqu’à de simples gonnes
Le brûle-gueule aux dents comme de grandes personnes. »
"Du roman gona, robe ; Les petits enfants portent la robe. C’est, suivant plusieurs étymologistes, un mot d’origine celtique. Il désignait dans la Gaule, un long vêtement de peau. Gown, signifie encore robe, en anglais. »
Pitrogner : Manier grossièrement, gâter, écraser.
« Il pompe dans le jus des raisins qu’il pitrogne. »
Pontificat : Etre dans son pontificat est une locution populaire de nos province qui signifie être dans la plénitude de sa force, de sa santé, de sa beauté. On dit d’un vieillard qu’il est encore dans tout son pontificat pour exprimer qu’il a toute sa vigueur et ses facultés.
San devant derrière : Expression adverbiale dont le sens est de travers, en désordre.
L’orthographe primitive et la seule rationnelle de cette locution est c’en devant derrière, c'est-à-dire Ce qui est devant ira derrière, et réciproquement.L’orthographe sens dessus dessous n’a aucune explication raisonnable
Des os d'éléphants découverts à la Croix-Rousse
Imaginons que le Progrès ait été créé au début du XIXème siècle. Le correspondant de la Croix-Rousse, aussi peu rétribué qu'aujourd'hui, aurait pu réaliser cette interview :
Interview exclusive de Monsieur le chevalier Bredin directeur de l’Ecole Vétérinaire
Monsieur Bredin quel effet vous a fait la découverte en août de ses os fossiles dans la commune de la Croix-Rousse ?
Ce n’est pas sans une profonde émotion que je me trouve en présence de ces vieux témoins des catastrophes et des révolutions qui ont changé la face du monde ; ce n’est pas sans faire je ne sais quel retours mélancoliques sur ma destination et sur la destination de l’humanité, que j’interroge ces prestigieux témoins dont la durée effraye l’imagination d’une créature qui hier n’était point encore et qui demain ne sera déjà plus.
Que peuvent nous apporter vos observations ?
Déjà, ces immenses dépôts de bélemnites, d’échinites, d’ammonites, d’encrinites, et de tant d’autres animaux marins que nous voyons dans nos rochers calcaires, prouvent à l’observateur averti qu’à diverses reprises, les contrée aujourd’hui habitées ont été couvertes des eaux de mer ; ils lui apprennent qu’il y eut un temps où la terre n’était ni ornée par les végétaux, ni animée par les êtres sentants.
Pour revenir aux os d’éléphants, où ont-ils étés trouvés ?
Ces os, provenant de mammifères, il n’y a pas que des éléphants, ont été trouvés dans un jardin que M. Krauls, manufacturier et propriétaire, possède à Caluire, sur les limites de cette commune et de la Croix-Rousse, dans l’angle que forment entre eux, le chemin de la Boucle qui conduit au Rhône et celui de la grille qui conduit au village de Caluire, à Margnole, à Montessuy, à la Carette, etc.
Pouvez-vous préciser pour nos lecteurs… ?
Ce jardin est situé près du sommet ou de la croupe de la colline, au commencement de la pente qui s’incline vers le Rhône, c'est-à-dire sur le versant de la Croix-Rousse qui regarde le Rhône, la plaine du Dauphiné, la chaîne des Alpes, le Mont-Blanc… Il est par conséquent exposé au sud-est. Son sol en pente douce, est incliné du nord-ouest au sud-est ; plus loin la pente de la montagne devient plus rapide et s’abaisse dans le vallon assez profond qui suit le chemin de la Boucle.
Dans quelle circonstance cette découverte ?
M. Krauls faisait construire une maison dans la partie supérieure de ce jardin qui longe le chemin de la grille. Des pionniers maçons, en creusant à 4 mètres au sud-est de la bâtisse, une grande fosse dont ils retiraient une terre marneuse rouge, qui, dans nos contrées, sert à bâtir en pizai, ont trouvé à 23 décimètres au-dessous du sol, des os très volumineux qu’ils n’ont pas hésité à regarder comme provenant de ces anciens géants que l’on prétend avoir autrefois peuplé la terre.
Et vous ne croyez pas à cette hypothèse ?
Bien sûr que non ! Nous remarquons que presque tous les écrivains d’Europe, même les plus éclairés et les moins crédules, qui ont précédés le dernier siècle, attribuèrent à cette ancienne race de géants tous les os dont la grosseur était supérieure à celle des plus forts animaux de nos climats. Sous le règne de Louis XIII, on montrait à Paris des ossements d’éléphants trouvés en Dauphiné, non loin du Rhône, qu’on faisait passer pour les restes de Teutobochus, ce roi des Cimbres qui combattit contre Marcius ! Il n’y a pas 20 ans qu’on fit don à l’Ecole Vétérinaire d’un fémur d’éléphant, sur lequel on avait fait mouler ces mots : Os de géant !
Ces os, ils appartiennent tous à un ou des éléphants ?
Mais non ! Je vous l’ai dit : les uns appartiennent à un éléphant, d’autres à des chevaux, d’autres enfin à des bœufs.
Sont-ils nombreux ?
Pour l’éléphant il y a une mâchoire inférieur armée de quatre molaires, une vertèbre lombaire, une énorme apophyse épineuse appartenant à la troisième vertèbre dorsale, la première côte, les deux humérus, une tête de fémur, les deux tibias et un grand nombre de fragments divers. J’ai décrit, mesuré et dessinés ces os avec de grands détails. J’ai aussi situé exactement la position sur le terrain de tous ces os.
Quand on parle d’éléphant, on pense aux défenses…
On n’a pas trouvé de défenses dont il est néanmoins probable que l’éléphant était pourvu ; mais j’espère qu’en creusant plus profondément du côté du N. O. on découvrira ces os qui, vu leurs poids et le peu de surface qu’ils représentent, ne seront plus enfoncés dans une terre molle et légère.
Pour terminer Monsieur le directeur, nos confrères de la capitale discute sur la question de savoir si les os fossiles, appartenaient ou non à l’un des éléphants d’Annibal. Quand pensez-vous ?
Je ne crois pas. Je suis en train d’écrire pour démontrer que ces os appartenaient à l’élephas primogenius, antérieur au temps d’Annibal et que c’est une espèce qui était déjà éteinte avant les guerres puniques.
Sources Archives historiques et statistiques du département du Rhône 1825
Interview exclusive de Monsieur le chevalier Bredin directeur de l’Ecole Vétérinaire
Monsieur Bredin quel effet vous a fait la découverte en août de ses os fossiles dans la commune de la Croix-Rousse ?
Ce n’est pas sans une profonde émotion que je me trouve en présence de ces vieux témoins des catastrophes et des révolutions qui ont changé la face du monde ; ce n’est pas sans faire je ne sais quel retours mélancoliques sur ma destination et sur la destination de l’humanité, que j’interroge ces prestigieux témoins dont la durée effraye l’imagination d’une créature qui hier n’était point encore et qui demain ne sera déjà plus.
Que peuvent nous apporter vos observations ?
Déjà, ces immenses dépôts de bélemnites, d’échinites, d’ammonites, d’encrinites, et de tant d’autres animaux marins que nous voyons dans nos rochers calcaires, prouvent à l’observateur averti qu’à diverses reprises, les contrée aujourd’hui habitées ont été couvertes des eaux de mer ; ils lui apprennent qu’il y eut un temps où la terre n’était ni ornée par les végétaux, ni animée par les êtres sentants.
Pour revenir aux os d’éléphants, où ont-ils étés trouvés ?
Ces os, provenant de mammifères, il n’y a pas que des éléphants, ont été trouvés dans un jardin que M. Krauls, manufacturier et propriétaire, possède à Caluire, sur les limites de cette commune et de la Croix-Rousse, dans l’angle que forment entre eux, le chemin de la Boucle qui conduit au Rhône et celui de la grille qui conduit au village de Caluire, à Margnole, à Montessuy, à la Carette, etc.
Pouvez-vous préciser pour nos lecteurs… ?
Ce jardin est situé près du sommet ou de la croupe de la colline, au commencement de la pente qui s’incline vers le Rhône, c'est-à-dire sur le versant de la Croix-Rousse qui regarde le Rhône, la plaine du Dauphiné, la chaîne des Alpes, le Mont-Blanc… Il est par conséquent exposé au sud-est. Son sol en pente douce, est incliné du nord-ouest au sud-est ; plus loin la pente de la montagne devient plus rapide et s’abaisse dans le vallon assez profond qui suit le chemin de la Boucle.
Dans quelle circonstance cette découverte ?
M. Krauls faisait construire une maison dans la partie supérieure de ce jardin qui longe le chemin de la grille. Des pionniers maçons, en creusant à 4 mètres au sud-est de la bâtisse, une grande fosse dont ils retiraient une terre marneuse rouge, qui, dans nos contrées, sert à bâtir en pizai, ont trouvé à 23 décimètres au-dessous du sol, des os très volumineux qu’ils n’ont pas hésité à regarder comme provenant de ces anciens géants que l’on prétend avoir autrefois peuplé la terre.
Et vous ne croyez pas à cette hypothèse ?
Bien sûr que non ! Nous remarquons que presque tous les écrivains d’Europe, même les plus éclairés et les moins crédules, qui ont précédés le dernier siècle, attribuèrent à cette ancienne race de géants tous les os dont la grosseur était supérieure à celle des plus forts animaux de nos climats. Sous le règne de Louis XIII, on montrait à Paris des ossements d’éléphants trouvés en Dauphiné, non loin du Rhône, qu’on faisait passer pour les restes de Teutobochus, ce roi des Cimbres qui combattit contre Marcius ! Il n’y a pas 20 ans qu’on fit don à l’Ecole Vétérinaire d’un fémur d’éléphant, sur lequel on avait fait mouler ces mots : Os de géant !
Ces os, ils appartiennent tous à un ou des éléphants ?
Mais non ! Je vous l’ai dit : les uns appartiennent à un éléphant, d’autres à des chevaux, d’autres enfin à des bœufs.
Sont-ils nombreux ?
Pour l’éléphant il y a une mâchoire inférieur armée de quatre molaires, une vertèbre lombaire, une énorme apophyse épineuse appartenant à la troisième vertèbre dorsale, la première côte, les deux humérus, une tête de fémur, les deux tibias et un grand nombre de fragments divers. J’ai décrit, mesuré et dessinés ces os avec de grands détails. J’ai aussi situé exactement la position sur le terrain de tous ces os.
Quand on parle d’éléphant, on pense aux défenses…
On n’a pas trouvé de défenses dont il est néanmoins probable que l’éléphant était pourvu ; mais j’espère qu’en creusant plus profondément du côté du N. O. on découvrira ces os qui, vu leurs poids et le peu de surface qu’ils représentent, ne seront plus enfoncés dans une terre molle et légère.
Pour terminer Monsieur le directeur, nos confrères de la capitale discute sur la question de savoir si les os fossiles, appartenaient ou non à l’un des éléphants d’Annibal. Quand pensez-vous ?
Je ne crois pas. Je suis en train d’écrire pour démontrer que ces os appartenaient à l’élephas primogenius, antérieur au temps d’Annibal et que c’est une espèce qui était déjà éteinte avant les guerres puniques.
Sources Archives historiques et statistiques du département du Rhône 1825
samedi 5 avril 2008
Lyon ville rebelle
Lyon n’a pas été toujours cette ville calme, tranquille, sans excès que beaucoup décrivent aujourd’hui. La célèbre révolte des canuts de novembre 1831 est là pour nous le rappeler. Mais ce ne fut pas la seule. Beaulieu, dans son Histoire de l’Industrie et des Fabriques de Lyon paru en 1838, en dénombre neuf. Il faudrait ajouter les émeutes de 1848 et 1849 des Voraces et également la tentative de soulèvement de fin 1870 à l’initiative de Bakounine et des anarchistes*.
« La première émeute ou sédition populaire dont l’histoire de notre ville fasse mention eut lieu sous Charles VI, en 1403. La raison en était la cherté du blé.
La seconde émeute eut lieu sous Charles VIII en 1486 à l’occasion de certains règlements sur les corporations ou confréries des arts et métiers.
La troisième, arrivée en 1516, avait pour motif que les maître des métiers voulaient avoir, comme aux premiers temps de la commune, l’entière nomination de ceux qui cette année devaient entrer à l’échevinage, nomination qui alors était faite par le consulat.
La quatrième eut lieu le dimanche 25 avril 1529, à ‘occasion d’une augmentation d’impôts sur le vin. On la nomma la Rebaine.
La cinquième date de 1744, à l’occasion d’un nouvel édit sur les statuts et règlements pour la fabrique de la soierie. (Cet édit confirme que l’artisan qui achetait, tissait, vendait son étoffe disparaît pour faire place à deux professions distinctes : celle de négociant commerçant et celle de tisseur NDLR).
La sixième, dite des deux sous, eut lieu en 1786, pour l’augmentation de salaire.
La septième, arrivée en 1789, eut pour résultat l’incendie des barrières de la ville et le pillage des octrois. Ici commence le régime révolutionnaire, sous lequel eurent lieu à Lyon, ainsi que dans toute la France, jusqu’à la fin du dernier siècle, ne doivent être considérées que comme des réactions de partis.
La huitième, arrivée en 1831, appelée journées de novembre, dura trois jours (21, 22, 23 novembre) et eut lieu à l’occasion de la demande d’une augmentation de salaire de 25 centimes par aune pour les étoffes dites peluche, et d’un tarif sur les façons des étoffes.
La neuvième et dernière arrivée jusqu’à présent à Lyon peut être considérée comme la conséquence de la précédente ; les partis politiques y prirent une part très active, ce qui n’avait nullement eu lieu dans les premières. Elle dura six jours et se termina par la dispersion de ceux qui y avaient pris part, opérée par la force des armes. »
*Je résisterai à la pression de quelques Croix-Roussiens qui souhaiteraient que je mentionne les manifestations contre l’extension de la zone de stationnement payant qui se sont déroulées en décembre 2004… Et ce bien que la presse lyonnaise ait titré : La révolte des Canuts ! »
« La première émeute ou sédition populaire dont l’histoire de notre ville fasse mention eut lieu sous Charles VI, en 1403. La raison en était la cherté du blé.
La seconde émeute eut lieu sous Charles VIII en 1486 à l’occasion de certains règlements sur les corporations ou confréries des arts et métiers.
La troisième, arrivée en 1516, avait pour motif que les maître des métiers voulaient avoir, comme aux premiers temps de la commune, l’entière nomination de ceux qui cette année devaient entrer à l’échevinage, nomination qui alors était faite par le consulat.
La quatrième eut lieu le dimanche 25 avril 1529, à ‘occasion d’une augmentation d’impôts sur le vin. On la nomma la Rebaine.
La cinquième date de 1744, à l’occasion d’un nouvel édit sur les statuts et règlements pour la fabrique de la soierie. (Cet édit confirme que l’artisan qui achetait, tissait, vendait son étoffe disparaît pour faire place à deux professions distinctes : celle de négociant commerçant et celle de tisseur NDLR).
La sixième, dite des deux sous, eut lieu en 1786, pour l’augmentation de salaire.
La septième, arrivée en 1789, eut pour résultat l’incendie des barrières de la ville et le pillage des octrois. Ici commence le régime révolutionnaire, sous lequel eurent lieu à Lyon, ainsi que dans toute la France, jusqu’à la fin du dernier siècle, ne doivent être considérées que comme des réactions de partis.
La huitième, arrivée en 1831, appelée journées de novembre, dura trois jours (21, 22, 23 novembre) et eut lieu à l’occasion de la demande d’une augmentation de salaire de 25 centimes par aune pour les étoffes dites peluche, et d’un tarif sur les façons des étoffes.
La neuvième et dernière arrivée jusqu’à présent à Lyon peut être considérée comme la conséquence de la précédente ; les partis politiques y prirent une part très active, ce qui n’avait nullement eu lieu dans les premières. Elle dura six jours et se termina par la dispersion de ceux qui y avaient pris part, opérée par la force des armes. »
*Je résisterai à la pression de quelques Croix-Roussiens qui souhaiteraient que je mentionne les manifestations contre l’extension de la zone de stationnement payant qui se sont déroulées en décembre 2004… Et ce bien que la presse lyonnaise ait titré : La révolte des Canuts ! »
Honneur aux inventeurs
Certes, on connaît Jacquard et les Croix-Roussiens aiment à se rassembler à l’ombre de sa statue place de la Croix-Rousse, mais nous aurions tort de croire qu’il fut le seul inventeur. Saluons quelques uns de ceux qui ont contribué, comme les tisseurs et les négociants, à faire de Lyon la capitale de cette industrie.
Aguettant : invente la préparation des plumes ou poils naturels pour le tissage des étoffes de soie et autres
Ajac : invente un battant mécanique propre à la fabrication des étoffes, schals, bourre de soie.
Allais : invente et perfectionne une mécanique applicable au métier ordinaire à filoche et à l’aide duquel on peut fabriquer des tulles ou filoches, ainsi que des tulles noués dans toutes espèces de dessins.
Aubert : invente un métier à tricot sur chaîne
Banse : invente un mécanisme destiné à être adapté au battant ordinaire des étoffes de soie et propre à déterminer le jeu de deux navettes.
Beauvais et Renard ; inventent un procédé pour obtenir sur la soie une dégradation insensible de teinte dans le sens de la longueur.
Belly : perfectionne le métier Jacquard, la mécanique pour dévider la soie, le coton.
Bonnard : invente deux mécaniques propres à filer la soie en la tirant du cocon.
Breton : perfectionne le mécanique Jacquard.
Brun : invente un ventilateur propre à conditionner les soies crues, à sécher les soies teintes, renouveler, purifier l’air renfermé dans les ateliers.
Couturier : invente les moyens de fabriquer sur un seul métier, et par un seul ouvrier, plusieurs pièces d’étoffe à la fois.
Crépu : invente la teinture de crêpe.
David : invente et perfectionne la mécanique dite « ronde » pour le dévidage de la soie.
Débard-Théoleyre et Dutillieu : inventent le velours chiné, et la fabrication d’une peluche de soie imitant l’agneau d’Astracan.
Félissent : invente l’appareil de dessication par l’air échauffé par le feu.
Gensoul : invente et perfectionne la chaudière propre à être employée dans les appareils à vapeur destinés au chauffage des filatures de soie.
Giraud : invente la fabrication des étoffes et rubans avec la soie grège ; mécanisme propre à les décruer, après leur confection et à leur appliquer en même temps toute espèce de couleurs.
Gonin père et fils : inventent les teintures noir et blanc soufré.
Gout et Simon : inventent la fabrication avec le poil de lapins d’une étoffe appelée « cachemire de Paris ».
Grand frères : perfectionnent les velours chinés et unis.
Janin : invente et perfectionne la machine à fabriquer les tulles doubles et simples.
Jobert, Lucas et Cie : inventent et perfectionnent la fabrication des schals cachemire et mérinos.
Jaillet : invente la mécanique propre à fabriquer toutes sortes d’étoffes façonnées.
Jolivet, Cochet et Perrany : inventent et perfectionnent une nouvelle méthode pour fabriquer le tulle croisé.
Julien Leroi : invente un métier à bas appelé le « tricoteur français ».
Magnan : invente et perfectionne la machine à dévidoir pour l’ourdissage.
Mestrallet Joseph : invente et perfectionne les filières de perles fines destinées à la fabrication des « traits », argent pur et argent doré, à l’aide desquels on obtient des fils de ces métaux dans toutes les proportions d’égalité et de finesse.
Meynard cadet : invente et perfectionne le métier destiné à fabriquer un tissu en soie chiné, nommé « tricot velouté ».
Monavon : invente et perfectionne l’application de planches et de cylindre en tuf, en schiste etc, à l’impression des étoffes.
Mousset : invente une mécanique propre au dévidage des soies.
Pichon veuve : invente l’impression sur soie en or et argent.
Pictet Geneviève : invente les schals tramés laine sur soie.
Pinson : invente les moyens apprêter et de presser les étoffes sans plis.
Poidebard : perfectionne l’élevage du vers à soie
Princeps : invente et perfectionne la machine à canettes.
Ragey : invente la fabrication des crêpes en soie cuite, rayée et chinée.
Rast-Maupas : invente l’appareil propre à le dessication des soies.
Ravina, Daguillon, Méhier et Jacquard : inventent les procédés de fabrication d’une étoffe pour meubles, sans couture.
Raymond : inventeur du bleu qui porte son nom.
Ricard frères : invente le papier appliqué à la mécanique Jacquard.
Seguin père et fils et Yemeriès : perfectionnent les étoffes de soie, or et argent.
Skola : invente le mécanisme à l’effet de remplacer 90 millimètres de carton par 21 millimètres de papier fort pour chaque coup de navette, adapté au métier Jacquard.
Tanard : invente la mécanique à fabriquer le tricot sans envers.
Aguettant : invente la préparation des plumes ou poils naturels pour le tissage des étoffes de soie et autres
Ajac : invente un battant mécanique propre à la fabrication des étoffes, schals, bourre de soie.
Allais : invente et perfectionne une mécanique applicable au métier ordinaire à filoche et à l’aide duquel on peut fabriquer des tulles ou filoches, ainsi que des tulles noués dans toutes espèces de dessins.
Aubert : invente un métier à tricot sur chaîne
Banse : invente un mécanisme destiné à être adapté au battant ordinaire des étoffes de soie et propre à déterminer le jeu de deux navettes.
Beauvais et Renard ; inventent un procédé pour obtenir sur la soie une dégradation insensible de teinte dans le sens de la longueur.
Belly : perfectionne le métier Jacquard, la mécanique pour dévider la soie, le coton.
Bonnard : invente deux mécaniques propres à filer la soie en la tirant du cocon.
Breton : perfectionne le mécanique Jacquard.
Brun : invente un ventilateur propre à conditionner les soies crues, à sécher les soies teintes, renouveler, purifier l’air renfermé dans les ateliers.
Couturier : invente les moyens de fabriquer sur un seul métier, et par un seul ouvrier, plusieurs pièces d’étoffe à la fois.
Crépu : invente la teinture de crêpe.
David : invente et perfectionne la mécanique dite « ronde » pour le dévidage de la soie.
Débard-Théoleyre et Dutillieu : inventent le velours chiné, et la fabrication d’une peluche de soie imitant l’agneau d’Astracan.
Félissent : invente l’appareil de dessication par l’air échauffé par le feu.
Gensoul : invente et perfectionne la chaudière propre à être employée dans les appareils à vapeur destinés au chauffage des filatures de soie.
Giraud : invente la fabrication des étoffes et rubans avec la soie grège ; mécanisme propre à les décruer, après leur confection et à leur appliquer en même temps toute espèce de couleurs.
Gonin père et fils : inventent les teintures noir et blanc soufré.
Gout et Simon : inventent la fabrication avec le poil de lapins d’une étoffe appelée « cachemire de Paris ».
Grand frères : perfectionnent les velours chinés et unis.
Janin : invente et perfectionne la machine à fabriquer les tulles doubles et simples.
Jobert, Lucas et Cie : inventent et perfectionnent la fabrication des schals cachemire et mérinos.
Jaillet : invente la mécanique propre à fabriquer toutes sortes d’étoffes façonnées.
Jolivet, Cochet et Perrany : inventent et perfectionnent une nouvelle méthode pour fabriquer le tulle croisé.
Julien Leroi : invente un métier à bas appelé le « tricoteur français ».
Magnan : invente et perfectionne la machine à dévidoir pour l’ourdissage.
Mestrallet Joseph : invente et perfectionne les filières de perles fines destinées à la fabrication des « traits », argent pur et argent doré, à l’aide desquels on obtient des fils de ces métaux dans toutes les proportions d’égalité et de finesse.
Meynard cadet : invente et perfectionne le métier destiné à fabriquer un tissu en soie chiné, nommé « tricot velouté ».
Monavon : invente et perfectionne l’application de planches et de cylindre en tuf, en schiste etc, à l’impression des étoffes.
Mousset : invente une mécanique propre au dévidage des soies.
Pichon veuve : invente l’impression sur soie en or et argent.
Pictet Geneviève : invente les schals tramés laine sur soie.
Pinson : invente les moyens apprêter et de presser les étoffes sans plis.
Poidebard : perfectionne l’élevage du vers à soie
Princeps : invente et perfectionne la machine à canettes.
Ragey : invente la fabrication des crêpes en soie cuite, rayée et chinée.
Rast-Maupas : invente l’appareil propre à le dessication des soies.
Ravina, Daguillon, Méhier et Jacquard : inventent les procédés de fabrication d’une étoffe pour meubles, sans couture.
Raymond : inventeur du bleu qui porte son nom.
Ricard frères : invente le papier appliqué à la mécanique Jacquard.
Seguin père et fils et Yemeriès : perfectionnent les étoffes de soie, or et argent.
Skola : invente le mécanisme à l’effet de remplacer 90 millimètres de carton par 21 millimètres de papier fort pour chaque coup de navette, adapté au métier Jacquard.
Tanard : invente la mécanique à fabriquer le tricot sans envers.
L'actualité d'hier
La violence dans les collèges !
1er avril 1745 : Le parlement avait ordonné que les jésuites cesseraient de tenir les collèges de Lyon. Il nomme un maître de pension laïque, Antoine Nivoley comme préfet ou principal. Quand il ouvrit les classes, il y avait foule sur la place du collège. Quand le Préfet sortit, les écoliers et la populace l’accompagnèrent jusqu’à son domicile en le huant et en lui lançant des pierres. La police intervint. Trois écoliers et un taffetatier furent arrêtés. Mais Antoine Nivoley et ses six professeurs tinrent bon jusqu’en 1763.
Deuil national de 8 jours !
5 avril 1791 : Les membres du Corps municipal arrêtent qu’ils porteront, pendant huit jours, le deuil de Mirabeau et que les citoyens de Lyon seront invités à rendre hommage à sa mémoire. Le 8 les Amis de la Constitution font célébrer un service pour le repos de l’ame de Mirabeau, dans l’église des Cordelier. Les spectacles sont fermés.
Intéressement à la vente !
10 avril 1805 : Napoléon qui séjourne à Lyon avec son épouse Joséphine, rend un décret qui alloue au sieur Jacquard, auteur d’un nouveau métier pour le fabrication des étoffes brochées et façonnées, qui supprime l’emploi de la tireuse, une prime de 50 francs pour chaque métier qu’il aura livré pour être mis en activité, pendant l’espace de six années.
Matheux jusqu’au bout !
12 avril 1734 : Thomas Fantet de Lagny, savant mathématicien, décède. Mais avant qu’il ne rende son dernier soupir, alors qu’il ne connaissait aucun de ceux qui entouraient son lit, quelqu’un, pour faire une expérience philosophique, lui demanda quel était le carré de douze. Il répondit aussitôt, et sans savoir apparemment ce qu’il répondait : Cent quarante-quatre !
A genoux ? Jamais !
18 avril 1555 : La Sorbonne censure les chanoines de Lyon qui, pendant la messe, à l élévation de l’hostie, refusaient de fléchir le genou et de s’incliner. Les chanoines, de forts caractères, ne tinrent point compte de cette censure. Le doyen de la cathédrale leur ayant intenté un procès pour les contraindre à s’agenouiller au « lever-Dieu » la cause fut soumise aux cardinaux de Lorraine et de Tournon. Ces prélats décidèrent le 20 juin 1564, que les chanoines se tiendraient profondément inclinés pendant l’élévation de l’hostie, afin qu’ils l’adorassent avec plus de révérence que par le passé. Un arrêt du 25 août 1655, maintint les chanoines dans le droit de ne point s’agenouiller à l’élévation. Plus tard, sur la demande de Louis XIV, ils consentirent enfin à renoncer à ce singulier privilège.
Et on est mécontent du temps !
30 avril 1573 : Le Lyonnais fut affligé de deux horribles fléaux. « L’un des fléaux, dis Rubys, fut que toutes les vignes de la province gelèrent…, et on fit point de vendanges. L’autre fléau, et beaucoup plus grand, fut la grande cherté du blé. Il y eut grande pitié au menu peuple, tant en la ville qu’aux champs. »
Z’allez me démolir cette citadelle !
2 mai 1585 : Mandelot, gouverneur de Lyon, s’empara, de concert avec les Echevins, de la citadelle de Lyon, et ayant fait désarmer la garnison qui avait pour capitaine Aimar de Poisieu, sieur du Passage, il y installe la milice urbaine. Le roi se vit forcé d’approuver cette démarche hardie. Il ordonna même, quelque temps après, le démolition de cette citadelle. Les citoyens s’y employèrent avec tant d’ardeur, que quelques mois ensuite, il n’en paraissait aucun vestige. Cette citadelle construite en 1564 par Charles IX était sur le Montagne Saint-Sébastien, au-dessus de la rue Neyret.
Le contraire eut été étonnant !
3 mai 1803 : Acceptation du legs fait à la ville de Lyon, par le major-général Martin. L’école de la Martinière sera ouverte qu’en 1832.
Ce n’était pas du théâtre !
4 mai 1795 : Mort tragique du comédien Dorfeuille. Il était comédien, certes, mais pour les Lyonnais, c’était celui qui avait présidé le tribunal révolutionnaire établi à Lyon pendant la terreur. Arrêté après la chute de Robespierre, il est traduit devant le tribunal criminel. Une foule immense couvre la place de Roanne (devant le palais de Justice). Chacun se demandait s’il avait été condamné. Non, répondit un individu qui sortait de l’audience : « la loi ne l’atteint pas. » Et bien ! Moi, je l’atteindrai, s’écrie énergiquement un homme du peuple. Aussitôt cet homme perce la foule, s’élance sur Dorfeuille, l’assomme et précipite son cadavre dans la Saône.
Un pont en fil de fer !
18 mai 1829 : Le pont suspendu en fil de fer de l’Ile Barbe, construit par l’ingénieur Favier, est ouvert au public. On doit les premières idées de la construction de ce pont à un de nos plus habiles serruriers- mécaniciens, M. Etienne. En effet, « La Gazette de France » dans son numéro du 15 avril 1732, écrivait : « Un gentilhomme lyonnais a présenté au roi le modèle d’un pont volant dont l’original sur cent toises de long et deux de large est suspendu demi toise au-dessus de l’eau, au travers de laquelle les hommes d’armes peuvent sûrement passer, et néanmoins ce pont est bâti d’une manière si légère, qu’une ou deux charrettes au plus le peuvent transporter, parce qu’il se démonte dans une heure, et se monte en aussi peu d’espace. »
Contre les grandes surfaces !
23 mai 1794 : Les représentants du peuple, Dupuy et Reverchon, adressent au Comité de Salut Public un mémoire sur la réhabilitation du commerce de Commune-Affranchie (Lyon). « Nous sommes convaincus de cette vérité que, pour républicaniser le commerce, il faudra toujours aboutir à ce résultat : multiplier les petits établissements, déterminer le nec plus ultra des produits, en bornant les moyens de les obtenir. »
Qui peut croire que l’on n’a fait aucun progrès ?
23 mai 1637 : Un sodomite est condamné au feu après qu’il aurait été étranglé ; la corde se rompit, et il fut brûlé encore vivant, en présence de plus de 20 000 personnes accourues à ce spectacle par la rareté du crime.
Y a plus de saison !
7 juin 1635 : « Aujourd’hui est tombée, demi-heure durant, une grêle de la grosseur d’un poing, accompagnée d’un vent si furieux, qu’il emporta au loin une couverture de cinq toises de haut qui était sur la tour d’une grande maison dite le château de Milan, sise en la rue Saint-Barthélemi, voisine de la montée du grand couvent des Capucins. »
On ne plaisante pas avec les piqueurs d’once !
20 juin 1769 : Un arrêt du Parlement confirme la sentence de la juridiction consulaire de Lyon qui condamne la femme Comtois à être attachée au carcan, fouettée et marquée, et ensuite enfermée dans une maison de force pour crime de piquage d’once et Michel Comtois son mari au carcan et au bannissement pour l’avoir souffert chez lui et y avoir participé. (Le piquage d’once consistait à voler de la soie sur les parties confiées par le négociant. Pour retrouver le poids, le piqueur d’once, humectait la soie.)
Défense des traditions !
21 juin 1584 : « Les échevins désirant rétablir les bonnes et louable coutumes qui de toute ancienneté ont été observées à Lyon, et entre autres celle de faire un feu de joie sur le pont de Saône toutes les vigiles de la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste, comme l’on faisait avant les premiers troubles de l’année 1562, depuis lesquels cette tant belle coutume à été discontinuée, ordonnent que désormais en reprenant ladite coutume l’on élèvera, chacune des veille de Saint-Jean, une pyramide de bois en laquelle le feu sera mis par le gouverneur pour le roi, et par l’un des échevins pour la ville ; il est aussi arrêté que tous les échevins y assisteront en corps avec leurs robes consulaires. »
1er avril 1745 : Le parlement avait ordonné que les jésuites cesseraient de tenir les collèges de Lyon. Il nomme un maître de pension laïque, Antoine Nivoley comme préfet ou principal. Quand il ouvrit les classes, il y avait foule sur la place du collège. Quand le Préfet sortit, les écoliers et la populace l’accompagnèrent jusqu’à son domicile en le huant et en lui lançant des pierres. La police intervint. Trois écoliers et un taffetatier furent arrêtés. Mais Antoine Nivoley et ses six professeurs tinrent bon jusqu’en 1763.
Deuil national de 8 jours !
5 avril 1791 : Les membres du Corps municipal arrêtent qu’ils porteront, pendant huit jours, le deuil de Mirabeau et que les citoyens de Lyon seront invités à rendre hommage à sa mémoire. Le 8 les Amis de la Constitution font célébrer un service pour le repos de l’ame de Mirabeau, dans l’église des Cordelier. Les spectacles sont fermés.
Intéressement à la vente !
10 avril 1805 : Napoléon qui séjourne à Lyon avec son épouse Joséphine, rend un décret qui alloue au sieur Jacquard, auteur d’un nouveau métier pour le fabrication des étoffes brochées et façonnées, qui supprime l’emploi de la tireuse, une prime de 50 francs pour chaque métier qu’il aura livré pour être mis en activité, pendant l’espace de six années.
Matheux jusqu’au bout !
12 avril 1734 : Thomas Fantet de Lagny, savant mathématicien, décède. Mais avant qu’il ne rende son dernier soupir, alors qu’il ne connaissait aucun de ceux qui entouraient son lit, quelqu’un, pour faire une expérience philosophique, lui demanda quel était le carré de douze. Il répondit aussitôt, et sans savoir apparemment ce qu’il répondait : Cent quarante-quatre !
A genoux ? Jamais !
18 avril 1555 : La Sorbonne censure les chanoines de Lyon qui, pendant la messe, à l élévation de l’hostie, refusaient de fléchir le genou et de s’incliner. Les chanoines, de forts caractères, ne tinrent point compte de cette censure. Le doyen de la cathédrale leur ayant intenté un procès pour les contraindre à s’agenouiller au « lever-Dieu » la cause fut soumise aux cardinaux de Lorraine et de Tournon. Ces prélats décidèrent le 20 juin 1564, que les chanoines se tiendraient profondément inclinés pendant l’élévation de l’hostie, afin qu’ils l’adorassent avec plus de révérence que par le passé. Un arrêt du 25 août 1655, maintint les chanoines dans le droit de ne point s’agenouiller à l’élévation. Plus tard, sur la demande de Louis XIV, ils consentirent enfin à renoncer à ce singulier privilège.
Et on est mécontent du temps !
30 avril 1573 : Le Lyonnais fut affligé de deux horribles fléaux. « L’un des fléaux, dis Rubys, fut que toutes les vignes de la province gelèrent…, et on fit point de vendanges. L’autre fléau, et beaucoup plus grand, fut la grande cherté du blé. Il y eut grande pitié au menu peuple, tant en la ville qu’aux champs. »
Z’allez me démolir cette citadelle !
2 mai 1585 : Mandelot, gouverneur de Lyon, s’empara, de concert avec les Echevins, de la citadelle de Lyon, et ayant fait désarmer la garnison qui avait pour capitaine Aimar de Poisieu, sieur du Passage, il y installe la milice urbaine. Le roi se vit forcé d’approuver cette démarche hardie. Il ordonna même, quelque temps après, le démolition de cette citadelle. Les citoyens s’y employèrent avec tant d’ardeur, que quelques mois ensuite, il n’en paraissait aucun vestige. Cette citadelle construite en 1564 par Charles IX était sur le Montagne Saint-Sébastien, au-dessus de la rue Neyret.
Le contraire eut été étonnant !
3 mai 1803 : Acceptation du legs fait à la ville de Lyon, par le major-général Martin. L’école de la Martinière sera ouverte qu’en 1832.
Ce n’était pas du théâtre !
4 mai 1795 : Mort tragique du comédien Dorfeuille. Il était comédien, certes, mais pour les Lyonnais, c’était celui qui avait présidé le tribunal révolutionnaire établi à Lyon pendant la terreur. Arrêté après la chute de Robespierre, il est traduit devant le tribunal criminel. Une foule immense couvre la place de Roanne (devant le palais de Justice). Chacun se demandait s’il avait été condamné. Non, répondit un individu qui sortait de l’audience : « la loi ne l’atteint pas. » Et bien ! Moi, je l’atteindrai, s’écrie énergiquement un homme du peuple. Aussitôt cet homme perce la foule, s’élance sur Dorfeuille, l’assomme et précipite son cadavre dans la Saône.
Un pont en fil de fer !
18 mai 1829 : Le pont suspendu en fil de fer de l’Ile Barbe, construit par l’ingénieur Favier, est ouvert au public. On doit les premières idées de la construction de ce pont à un de nos plus habiles serruriers- mécaniciens, M. Etienne. En effet, « La Gazette de France » dans son numéro du 15 avril 1732, écrivait : « Un gentilhomme lyonnais a présenté au roi le modèle d’un pont volant dont l’original sur cent toises de long et deux de large est suspendu demi toise au-dessus de l’eau, au travers de laquelle les hommes d’armes peuvent sûrement passer, et néanmoins ce pont est bâti d’une manière si légère, qu’une ou deux charrettes au plus le peuvent transporter, parce qu’il se démonte dans une heure, et se monte en aussi peu d’espace. »
Contre les grandes surfaces !
23 mai 1794 : Les représentants du peuple, Dupuy et Reverchon, adressent au Comité de Salut Public un mémoire sur la réhabilitation du commerce de Commune-Affranchie (Lyon). « Nous sommes convaincus de cette vérité que, pour républicaniser le commerce, il faudra toujours aboutir à ce résultat : multiplier les petits établissements, déterminer le nec plus ultra des produits, en bornant les moyens de les obtenir. »
Qui peut croire que l’on n’a fait aucun progrès ?
23 mai 1637 : Un sodomite est condamné au feu après qu’il aurait été étranglé ; la corde se rompit, et il fut brûlé encore vivant, en présence de plus de 20 000 personnes accourues à ce spectacle par la rareté du crime.
Y a plus de saison !
7 juin 1635 : « Aujourd’hui est tombée, demi-heure durant, une grêle de la grosseur d’un poing, accompagnée d’un vent si furieux, qu’il emporta au loin une couverture de cinq toises de haut qui était sur la tour d’une grande maison dite le château de Milan, sise en la rue Saint-Barthélemi, voisine de la montée du grand couvent des Capucins. »
On ne plaisante pas avec les piqueurs d’once !
20 juin 1769 : Un arrêt du Parlement confirme la sentence de la juridiction consulaire de Lyon qui condamne la femme Comtois à être attachée au carcan, fouettée et marquée, et ensuite enfermée dans une maison de force pour crime de piquage d’once et Michel Comtois son mari au carcan et au bannissement pour l’avoir souffert chez lui et y avoir participé. (Le piquage d’once consistait à voler de la soie sur les parties confiées par le négociant. Pour retrouver le poids, le piqueur d’once, humectait la soie.)
Défense des traditions !
21 juin 1584 : « Les échevins désirant rétablir les bonnes et louable coutumes qui de toute ancienneté ont été observées à Lyon, et entre autres celle de faire un feu de joie sur le pont de Saône toutes les vigiles de la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste, comme l’on faisait avant les premiers troubles de l’année 1562, depuis lesquels cette tant belle coutume à été discontinuée, ordonnent que désormais en reprenant ladite coutume l’on élèvera, chacune des veille de Saint-Jean, une pyramide de bois en laquelle le feu sera mis par le gouverneur pour le roi, et par l’un des échevins pour la ville ; il est aussi arrêté que tous les échevins y assisteront en corps avec leurs robes consulaires. »
La ficelle de la rue Terme
A propos de la Ficelle de la rue Terme
Pendant la campagne des élections municipales, les fenottes et les gones n’ont pas manqué de lire de nombreux projets concernant l’actuel tunnel routier de la rue Terme, jadis le chemin de fer de la Croix-Rousse, plus communément baptisé, la ficelle. Logique quand on sait combien un câble composé de 252 fils d’acier de 2 millimètres de diamètre chacun, ressemble à une de ces ficelles qui peuvent tout aussi bien attacher votre pantalon qu’un paquet de poreaux. Donc nous eûmes droit pendant plusieurs semaines à des promesses qui pourraient conduire les véloV à remonter plus vite, aux poussettes à escalader biberons et doudous au vent les pentes et à nos fumerons à se reposer de bambanes épuisantes. Bon, dans quelques jours, quand nos élus auront choisi leurs bureaux, trouvé la bonne clé pour y pénétrer et installé leurs photos de famille, nous demanderons de quoi exactement il en retourne. Une plate-forme ? Un tire-fesses ? Un escalier roulant ? Un téléphérique ? On verra. En attendant, ça peut les aider, nous leur offrons la possibilité de découvrir ce qu’était exactement cette fameuse Ficelle, Ficelle qu’un jour, un maire, décida de supprimer afin que les automobiles puissent d’un seul coup accéder à notre charmant plateau. Nous étions à cette époque bien peu à manifester notre désaccord concernant cette mesure. C’est ainsi…
Non seulement cette Ficelle rendait d’immenses services aux Lyonnais et aux Croix-Roussiens mais en plus c’était une prouesse technique considérable. La preuve : En 1863, la revue parisienne L’Année Scientifique et Industrielle de Louis Figuier, recueil qui porte à la connaissance du public les travaux scientifiques, les inventions et les applications à l’industrie et aux arts, de l’année, publie un long article sur not’Ficelle ! Quelques extraits :
« En 1862 a été inauguré à Lyon, un petit chemin de fer destiné à relier le rue Terme au plateau de la Croix-Rousse, et qui présente une disposition aussi hardie que nouvelle. L’inclinaison de 4 cm par mètre n’a jamais été dépassée sur aucun chemin de fer ; la rampe est ici de 16 centimètres. Encore un peu plus et les wagons auraient grimpé perpendiculairement, comme les lézards le long d’un mur.
Le chemin de fer de la Croix-Rousse ne fait usage de locomotives : il est à traction fixe, comme les chemins de fer de l’intérieur des mines. Le train est tiré de bas en haut, par un câble qui s’enroule autour d’un immense cabestan et qui sert à le hisser le long de la rampe : la descente s’effectue par le déroulement du même câble, qui retient le convoi et modère la rapidité de la chute.
Chaque train ne se compose que de deux wagons ; mais les dimensions de ces wagons sont telles qu’ils peuvent contenir chacun 100 voyageurs. Une machine à vapeur de la force de 100 chevaux fait tourner un tambour de 4 mètres et demi de diamètre, autour duquel le câble vient s’enrouler. La course du piston des machines vapeur est de 2 mètres ; les chaudières sont tubulaires et à courant d’air forcé. Un ventilateur, mis en action par une machine à vapeur de la force de 10 chevaux, envoie constamment de l’air sous les foyers, pour activer la combustion.
On a dû apporter les soins les plus attentifs à la conception du câble destiné à supporter le poids entier du train. Ce câble est formé de la réunion de 252 fils d’acier de 2 millimètres de diamètre. IL serait capable, d’après les essais authentiques qui ont été faits, de supporter un poids de 100 000 kilogrammes, tandis que l’effort à soutenir pour l’ascension du train n’atteint pas 10 000 kilogrammes. (…) L’autorité a voulu que les wagons du nouveau railway fussent armés de freins d’une puissance suffisante pour arrêter le train précipité sur la pente de la voie, dans le cas d’une rupture du câble.
Ces freins ont été construits par les ingénieurs de la compagnie MM Molinos et Pronnier et lors de la réception du chemin de fer de Lyon à la Croix-Rousse, ils ont subi, devant la commission officielle, une série d’épreuves des plus concluantes. Voici les dispositions adoptées par MM Molinos et Pronnier pour obtenir cet important et difficile résultat.
Le chemin de fer présente une inclinaison uniforme de 165 millimètres par mètres. Un train abandonné sur cette pente, toutes les roues enrayées, glisserait en prenant encore par son énorme poids une vitesse considérable. Pour parer à tous les dangers d’une rupture de câble, il ne suffit pas de munir les véhicules de freins ordinaires, il leur faut ajouter un frein supplémentaire dont l’action, jointe à l’enrayage des roues, produise un arrêt infaillible. A cet effet, chaque truck porte deux systèmes de freins, devant agir automatiquement par le fait même de la rupture de câble. (…) L’expérience a pleinement démontré l’efficacité de ces dispositions. Douze fois, en présence de la commission de réception, la rupture du câble a été simulée au moyen d’un déclic, le train marchant à le descente à raison de 2 mètres par seconde (vitesse réglementaire) ; l’arrêt s’est produit chaque fois sans secousse appréciable, après un glissement de 3 m 50 : les wagon complètement chargés pesaient 18 000 kilogrammes chacun. (…)
L’établissement de la gare de Lyon a nécessité l’ouverture d’une tranchée de 11 mètres, bordée à pic par des maisons de 4 à 5 étages, dont le soutènement a présenté les plus grandes difficultés.Une maison de 4 étages placée à cheval sur la ligne a été conservée : le tunnel qui la supporte a été littéralement découpé dans les caves de cette maison, sans porter atteinte à sa solidité. D’autres maisons placées sur un grand tunnel, ont été conservées dans des conditions analogues. En un mot les difficultés de toute nature ont dû être vaincues pour arriver à la réalisation de cette entreprise élégante et nouvelle. Leur nombre ainsi que leur importance, rendent plus remarquable le succès complet qui a couronné ce travail, dont l’heureuse idée, aussi bien que la parfaite exécution, fait le plus grand honneur aux deux ingénieurs de la compagnie MM. Molinos et Pronnier. »
Pendant la campagne des élections municipales, les fenottes et les gones n’ont pas manqué de lire de nombreux projets concernant l’actuel tunnel routier de la rue Terme, jadis le chemin de fer de la Croix-Rousse, plus communément baptisé, la ficelle. Logique quand on sait combien un câble composé de 252 fils d’acier de 2 millimètres de diamètre chacun, ressemble à une de ces ficelles qui peuvent tout aussi bien attacher votre pantalon qu’un paquet de poreaux. Donc nous eûmes droit pendant plusieurs semaines à des promesses qui pourraient conduire les véloV à remonter plus vite, aux poussettes à escalader biberons et doudous au vent les pentes et à nos fumerons à se reposer de bambanes épuisantes. Bon, dans quelques jours, quand nos élus auront choisi leurs bureaux, trouvé la bonne clé pour y pénétrer et installé leurs photos de famille, nous demanderons de quoi exactement il en retourne. Une plate-forme ? Un tire-fesses ? Un escalier roulant ? Un téléphérique ? On verra. En attendant, ça peut les aider, nous leur offrons la possibilité de découvrir ce qu’était exactement cette fameuse Ficelle, Ficelle qu’un jour, un maire, décida de supprimer afin que les automobiles puissent d’un seul coup accéder à notre charmant plateau. Nous étions à cette époque bien peu à manifester notre désaccord concernant cette mesure. C’est ainsi…
Non seulement cette Ficelle rendait d’immenses services aux Lyonnais et aux Croix-Roussiens mais en plus c’était une prouesse technique considérable. La preuve : En 1863, la revue parisienne L’Année Scientifique et Industrielle de Louis Figuier, recueil qui porte à la connaissance du public les travaux scientifiques, les inventions et les applications à l’industrie et aux arts, de l’année, publie un long article sur not’Ficelle ! Quelques extraits :
« En 1862 a été inauguré à Lyon, un petit chemin de fer destiné à relier le rue Terme au plateau de la Croix-Rousse, et qui présente une disposition aussi hardie que nouvelle. L’inclinaison de 4 cm par mètre n’a jamais été dépassée sur aucun chemin de fer ; la rampe est ici de 16 centimètres. Encore un peu plus et les wagons auraient grimpé perpendiculairement, comme les lézards le long d’un mur.
Le chemin de fer de la Croix-Rousse ne fait usage de locomotives : il est à traction fixe, comme les chemins de fer de l’intérieur des mines. Le train est tiré de bas en haut, par un câble qui s’enroule autour d’un immense cabestan et qui sert à le hisser le long de la rampe : la descente s’effectue par le déroulement du même câble, qui retient le convoi et modère la rapidité de la chute.
Chaque train ne se compose que de deux wagons ; mais les dimensions de ces wagons sont telles qu’ils peuvent contenir chacun 100 voyageurs. Une machine à vapeur de la force de 100 chevaux fait tourner un tambour de 4 mètres et demi de diamètre, autour duquel le câble vient s’enrouler. La course du piston des machines vapeur est de 2 mètres ; les chaudières sont tubulaires et à courant d’air forcé. Un ventilateur, mis en action par une machine à vapeur de la force de 10 chevaux, envoie constamment de l’air sous les foyers, pour activer la combustion.
On a dû apporter les soins les plus attentifs à la conception du câble destiné à supporter le poids entier du train. Ce câble est formé de la réunion de 252 fils d’acier de 2 millimètres de diamètre. IL serait capable, d’après les essais authentiques qui ont été faits, de supporter un poids de 100 000 kilogrammes, tandis que l’effort à soutenir pour l’ascension du train n’atteint pas 10 000 kilogrammes. (…) L’autorité a voulu que les wagons du nouveau railway fussent armés de freins d’une puissance suffisante pour arrêter le train précipité sur la pente de la voie, dans le cas d’une rupture du câble.
Ces freins ont été construits par les ingénieurs de la compagnie MM Molinos et Pronnier et lors de la réception du chemin de fer de Lyon à la Croix-Rousse, ils ont subi, devant la commission officielle, une série d’épreuves des plus concluantes. Voici les dispositions adoptées par MM Molinos et Pronnier pour obtenir cet important et difficile résultat.
Le chemin de fer présente une inclinaison uniforme de 165 millimètres par mètres. Un train abandonné sur cette pente, toutes les roues enrayées, glisserait en prenant encore par son énorme poids une vitesse considérable. Pour parer à tous les dangers d’une rupture de câble, il ne suffit pas de munir les véhicules de freins ordinaires, il leur faut ajouter un frein supplémentaire dont l’action, jointe à l’enrayage des roues, produise un arrêt infaillible. A cet effet, chaque truck porte deux systèmes de freins, devant agir automatiquement par le fait même de la rupture de câble. (…) L’expérience a pleinement démontré l’efficacité de ces dispositions. Douze fois, en présence de la commission de réception, la rupture du câble a été simulée au moyen d’un déclic, le train marchant à le descente à raison de 2 mètres par seconde (vitesse réglementaire) ; l’arrêt s’est produit chaque fois sans secousse appréciable, après un glissement de 3 m 50 : les wagon complètement chargés pesaient 18 000 kilogrammes chacun. (…)
L’établissement de la gare de Lyon a nécessité l’ouverture d’une tranchée de 11 mètres, bordée à pic par des maisons de 4 à 5 étages, dont le soutènement a présenté les plus grandes difficultés.Une maison de 4 étages placée à cheval sur la ligne a été conservée : le tunnel qui la supporte a été littéralement découpé dans les caves de cette maison, sans porter atteinte à sa solidité. D’autres maisons placées sur un grand tunnel, ont été conservées dans des conditions analogues. En un mot les difficultés de toute nature ont dû être vaincues pour arriver à la réalisation de cette entreprise élégante et nouvelle. Leur nombre ainsi que leur importance, rendent plus remarquable le succès complet qui a couronné ce travail, dont l’heureuse idée, aussi bien que la parfaite exécution, fait le plus grand honneur aux deux ingénieurs de la compagnie MM. Molinos et Pronnier. »
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