Les Voraces en 1848 et 1849
La société des Voraces composée de canuts apparaît en 1846. Il semble que son premier objectif visait à lutter contre une mesure à leurs yeux injuste, celle de diminuer de moitié le pot de vin lyonnais, plus d’un litre, pour le vendre à la bouteille de contenance moindre. Ils se réunissaient d’ailleurs chez la mère Maréchal, à l’angle de la rue des Fossés (aujourd’hui d’Austerlitz) et la rue du Mail qui elle vendait le vin…au litre. Probablement il s’agit là, compte tenu de l’époque, d’une affiche moins dangereuse que leurs motivations réelles. En effet dès le début de 1848, cette société n’accepte que les républicains. Ils seraient, d’après l’historien Bruno Benoît, porteur d’un double héritage : celui tiré de la révolte des canuts de novembre 1831 et celui du combat républicain entrepris par les canuts membres des sociétés fouriéristes, saint-simoniennes ou encore babouvistes après l’échec de la révolte de 1834. Ils sont environ 250 à 300 lors de la chute de la monarchie de juillet. Toujours est-il, comme l’écrit Nizier du Puitspelu, que le 24 février 1848, jour de l’abdication de Louis-Philippe, ils descendent à Lyon, s’emparent de l’Hôtel de Ville, proclament le République depuis son balcon, prennent la Préfecture. Le lendemain, ils se rendent au fort Saint-Laurent pour y prendre les armes. Les Voraces vont s’emparer du bastion n°4, en face du mont Sauvage, du bastion des Bernardines, du fort de Montessuy, du Palais de Justice, hissent un peu partout le drapeau rouge et brûlent les métiers à tisser installés dans les communautés religieuses. Emmanuel Arago, le délégué du gouvernement provisoire, arrive le 28 février et réussit à les convaincre que « la République doit amener tout les progrès et améliorer surtout le classe des travailleurs ». Jusqu’au 15 juin 1849, il y aura une cohabitation difficile entre eux, le pouvoir officiel et même les Lyonnais. Les Voraces ne disent-ils pas vouloir « boire à la santé de la République montagnarde dans le crâne des aristocrates » et sur une médailles qui leur est consacrée ont lit : « Aristocrates, modérés, égoïstes, tremblez ! A la première atteinte portée à la liberté les ondes du Rhône et de la Saône charrieront vos cadavres aux mers épouvantées. Le peuple est debout et 93 peut encore renaître. » Lors du soulèvement de 1849 ils ne seront pas soutenus par la population et durement réprimés à la Croix-Rousse.
Pourquoi Voraces ?
Deux explications fournies pas Bruno Benoît :
Ils sont au départ des consommateurs et des travailleurs qui exigent le vin à la bouteille, que le boulanger ne fraude pas et que le négociant paye un tarif à façon, honnête. Ils auraient été affublés par ceux qu’ils mettent en cause, du surnom malveillant de « Voraces ».Le terme de Voraces serait la déformation de Dévoirants (compagnons du Devoir) en dévorants, puis voraces.
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