Au printemps 1832 le choléra fait rage à Paris et menace Lyon. L’Echo de la Fabrique du 29 avril publie un article qui éclaire sur les relations entre les canuts et l’Eglise. Une foi sincère mais un refus de toute superstition et de toute récupération politique.
« Le journal Le Revenant publie l’extrait d’une lettre de Lyon ; cet extrait est rapporté par la Gazette du Lyonnais. Nous allons le reproduire à notre tour, pour montrer jusqu’à quel point sont fines les plaisanteries de ces deux feuilles. Il s’agit des canuts de Lyon (ce sont les propres expressions du Revenant) et voici ce qu’il dit : « Depuis l’invasion du choléra-morbus à Paris, la population se porte en foule et en pèlerinage à la montagne sur laquelle est située l’église de Notre-Dame de Fourvière. La classe ouvrière s’y fait surtout remarquer par la ferveur de ses sentiments religieux. « Mon Dieu ! s’écrient les braves canuts dans leurs prières, et tout haut, nous n’avons pas chassé notre roi ni notre archevêque, nous n’avons pas pillé les églises ni renversé les croix. Mon Dieu ayez pitié de nous, et préservez-nous de la peste de Paris. »Voilà le langage que les feuilles d’un régime passé prêtent à nos ouvriers en soie, à ces hommes assez éclairés pour reconnaître de faux amis qui les trouvent religieux aujourd’hui et qui, sous les missions du gouvernement déchu les traitaient d’impies, de réprouvés. Sans doute nos ouvriers sont religieux, mais sans superstition ; ils rougiraient de mettre en action les mômeries qu’on leur prête et si les feuilles des jésuites s’amusent à les montrer ridicules, qu’elles sachent que leurs patrons et elles, seront toujours pour la classe industrielle de Lyon, des objets dignes de mépris. Nos ouvriers en soie restent dans leurs ateliers et ne vont pas en foule à Notre-Dame de Fourvière accuser leurs frères de Paris ; ils sympathisent trop avec eux ! »
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