Si Aristide Bruant a composé le Chant des Canuts devenu symbole des luttes ouvrières, de la résistance, de la dignité des travailleurs et du combat révolutionnaire, il n'a pas écrit que ce poème, certes peu reflet de la révolte des 21, 22 et 23 novembre 1831, mais dont l'impact émotionnel est considérable.
Il a écrit également ce texte ci-dessous et ainsi se pose la question : quand est-il sincère ? La réponse pourrait faire peur.
La Lanterne de Bruant
Pour le drapeau
Oui, c’est entendu, les youpins
Sont tous des gonciers à la r’dresse,
I’s sont partout, i’s sont à la presse
Et plus marlous qu’les marloupins ;
I’s sont de la balle, i’s sont de la banque,
I’s ont bouffé Sidi l’Arbi,
Et quand i’s sont dans le fourbi,
C’est jamais un truc à la manque
Nous bons gogos, nous supportons
Qu’ils volent sur nos champs de course,
Qu’ils nous barbottent à la Bourse,
Qu’ils nous tondent kif des moutons ;
Qu’ils vident nos vieux bas de laine
Et qu’ils emportent nos écus ;
Mais…entendons-nous : n’en faut plus
S’ils veulent jouer les Benzaine*
Qu’on les fusille, les Judas
Les bandits, les félons, les traitres
Qui vendent les sol des ancêtres
Et le sang des petits soldats ;
Qu’on les fusille et qu’on le crie
A tous ceux qui donnent leur peau
Pour la défense du Drapeau
Et pour l’honneur de la Patrie.
1898
Achille Benzaine (1811-1888) fut maréchal de France. Il se distingue en Crimée, commandant en chef au Mexique. En 1870-1871 il est chargé de la défense de Metz. Pour la III République : « par son incurie, son incapacité, l’étroitesse et l’égoïsme de ses vues, il trahit véritablement son pays. Il se laissa renfermer dans le place, ne tenta que des efforts dérisoires pour en sortir, engagea de louches négociations avec Bismarck, puis rendit la ville. » Il fut condamné à mort, s’évada et s’établit en Espagne.
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