Nous avions, ici même, fait état de cette solidarité qui s’était manifestée à l’occasion d’une vente aux enchères à l’encontre d’un canut. Cette action qui avait empêché que les biens de l’ouvrier disparaissent, se situait en octobre 1835. Et bien en août 1836, même combat et même résultat.
« Un des dernier jours de la semaine passée, la place Sathonay présentait une physionomie tout-à-fait inaccoutumée.
Le vieux corps de garde, veuf de ses hôtes depuis longtemps, était rempli de soldats ; deux compagnies de militaires stationnaient aux débouchés de la place ; on se demandait si notre préfet appréhendait par hasard la proclamation de quelque constitution ; si M. Dupasquier avait découvert une nouvelle conspiration de crochets ; si la Croix-Rousse descendait en arme sur l’Hôtel de Ville…
C’était en effet la Croix-Rousse qui descendait, mais voici pourquoi :
Un propriétaire de ladite ville, voulant faire vendre les meubles d’un de ses locataires, ouvrier en soie, n’avait pas cru prudent de faire procéder à cette opération à la Croix-Rousse même, et avait indiqué à l’huissier, la place Sathonay. Pour plus de sécurité encore, il réclama au préfet l’octroi de deux compagnies de soldats, ce qui lui fut gracieusement accordé. La charrette chargée de meubles du malheureux ouvrier arrive sur la place, mais escortée par une foule de compagnons, qui entourent les meubles et forment une barrière insurmontable aux personnes étrangères. L’opération commence ; une commode est mise aux enchères au prix de 15 frs ; mais personne n’enchérissant et n’achetant à ce prix, l’huissier descend de 25 centimes en 25 centimes jusqu’à 10 sous ; la commode est adjugée à 10 sous. Ainsi du reste. De sorte que le ménage du pauvre locataire, dont la valeur était bien de 200 frs, a rapporté au propriétaire la somme de 4 Fr. 50 c. Les meubles ont été aussitôt rechargés sur la même charrette qui les avait amenés et reconduits à la Croix-Rousse aux yeux de la foule battant des mains, et des soldats riant eux-mêmes dans leur barbe. »
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