vendredi 24 juin 2011

Les Canuts et les Prud'hommes

Déjà, au lendemain de la révolte des 21, 22 et 23 novembre 1831, les canuts dans l’Echo de la Fabrique, désignaient clairement leur volonté de se battre pour l’amélioration du fonctionnement des Prud’hommes. En donnant entre autres des comptes-rendus hebdomadaires, en instituant un recueil de jugements appelés à faire jurisprudence, en écrivant sans relâche des articles pour obtenir la libre défense, la parité entre Prud’hommes négociants et Prud’hommes chefs d’atelier. Dix ans plus tard, ce combat est toujours d’actualité. Comme souvent les rédacteurs n’hésitent pas à employer l’humour pour dénoncer le système. Dans le nouvel Echo de la Fabrique dont le gérant est J. Louison, herboriste habitant le 2 de l’actuelle rue d’Ivry, on trouve en 1843 ce texte qui ne manque pas de saveur.

« Confiteor d’un Prud’homme

Je me confesse au glorieux Jacquard, à la classe ouvrière toute puissante, à l’Echo de la Fabrique, toujours indépendant et dévoué à la chose publique, à son rédacteur, à son gérant et à tous les anciens gérants les bienheureux Falconnet, Vidal, Berger, Sigaud, Legras et à mes collègues parce que j’ai péché en parole et en œuvres : en ne réclamant pas la libre défense et la jurisprudence fixe ; en signant des jugements sans les lire ; en abandonnant les tirelles, les déchets et en défendant mollement les droits des ouvriers dans les arbitrages et en séances ; en admettant les prescriptions mensuelles et les aliénations récemment inventées qui sont un oubli de la justice et un vol des salaire ; les écritures en chiffre et autres méfaits ; en ne stipulant pas de justes indemnités pour le laçage de cartons, pour le montage des métiers et en consentant à les remplacer par des promesses illusoires. Je l’avoue, je me sens coupable, par ma faute, par ma faute, par ma très grande faute.
C’est pourquoi je pris la malheureuse classe ouvrière, l’Echo de la Fabrique, son rédacteur, son gérant, et vous mes collègues, de prier pour moi le grand Jacquard.
Que Jacquard me fasse miséricorde, et qu’après m’avoir pardonné il m’accorde la rémission de mes péchés. Ainsi soit-il. »

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