L’objectif de Novembre des Canuts a été depuis sa création en 2008 de redonner la parole aux tisseurs de soie du XIXème siècle mais aussi, dans le même temps, d’entendre les ouvrières et ouvriers d’hier et d’aujourd’hui, quel que soit leur secteur d’activité.
C’est son originalité. C’est ainsi qu’au fil des éditions ont été abordés des sujets divers mais qui ont toujours été au centre des préoccupations des canuts du journal L’Echo de la Fabrique : la presse ouvrière, les prud’hommes, la condition ouvrière féminine et aujourd’hui la révolte de 1831 et les problématiques contemporaines liées à la valeur-travail.
Mais pour avoir une vision complète de ce formidable laboratoire d’idées sociales qu’était L’Echo, de nombreuses autres éditions témoignant de la richesse des analyses, des réflexions et des propositions des ouvriers en soie seront encore nécessaires. D’autant que cette approche nous conduit à revoir certains clichés ancrés profondément chez beaucoup.
Nous osons le dire, nous avons la prétention de bousculer les certitudes rassurantes parce qu’en dépassant les légendes qui entourent cette période et où chacun puise ce qui le conforte dans ses convictions, nous pouvons voir plus clairement les points de convergence entre les réflexions qu’ont menées les canuts et nos analyses sur la situation des ouvrières, ouvriers et employés, d’aujourd’hui.
Autre originalité : la préparation de Novembre des Canuts est effectuée par un collectif composé d’organisations, d’associations, structures et de personnalités différentes mais attachées au patrimoine humain de La Fabrique.
Cette édition 2011 ne déroge pas à cette ligne de conduite. Et, sans exclure des collaborations avec d’autres acteurs du patrimoine, nous continuerons à fonctionner de cette manière.
Il y a un an, lors du lancement de la 3ème édition de Novembre des canuts, nous nous félicitions de ce que Lyon se décide à remettre au premier rang ce qui a fait sa renommé :
La soie, ceux qui la commercialisaient, ceux qui la tissaient. Certes, si c’est à ces derniers que nous resterons fidèles nous avions clairement exprimé notre volonté de nous mettre au service de ce qui ne s’appelait pas encore « Label Soie, des Canuts à la création contemporaine ». Ce qui fut fait.
Dans le même temps nous réaffirmions que nous mettrions toute notre énergie pour que cette période essentielle de l’histoire de la classe ouvrière ne disparaisse pas au profit des flonflons d’une fête plus ou moins soyeuse.
Cette première édition de « Label soie, des Canuts à la création contemporaine », pilotée par les musées Gadagne, dans sa préparation et son programme nous ont rassuré même si bien sûr nous devons rester attentifs. Nous savons par expérience qu’une dérive peut toujours se produire au fil du temps, surtout quand on sait que par essence, le terme générique de la soie recouvre des regards différents, parfois opposés.
L’histoire de la soie et des canuts n’est pas un long fleuve tranquille coulant dans les vertes prairies du pays des bisounours. C’est une histoire rude, parfois dramatique, souvent témoin d’une incompréhension entre les différents acteurs de la Fabrique du XIXème. Et pourquoi s’en cacher, c’est une histoire qui se poursuit aujourd’hui dans l’industrie de la soie et du tissage avec souvent des problèmes semblables.
Mais, le collectif de Novembre des Canuts mis en place nous le démontre depuis plus de 3 ans, nous savons qu’il est possible, les uns et les autres, de travailler ensemble, chacun gardant se personnalité et agissant pour que les acteurs de cette formidable aventure, quel qu’ils soient, reçoivent pendant cette quinzaine l’hommage qui leur est du et que nous puissions montrer que Lyon a su gérer et faire fructifier l’héritage que ces hommes et femmes nous ont laissé. Il y a un an nous annoncions le thème de l’édition 2011, thème qui s’imposait, le 180ème anniversaire de la révolte des canuts. Nous avons vu avec plaisir que beaucoup ont partagé ce désir.
Il s’agissait alors de ne pas sombrer dans une commémoration pleurnicharde en oubliant les apports sociaux que cette révolte a pu générer.
C’est pourquoi nous avons titré cette 4ème édition : « 1831-2011 l’écho de la révolte. » Ce thème montre en effet notre volonté de renouer le fil entre passé et présent. Quelque soit l’angle choisi et le type de manifestation : conférences et débats, exposition, spectacles, déambulation, table ronde, ateliers participatifs, jeu de piste pour les enfants, nous avons voulu donner un éclairage particulier sur cet événement dont les répercussions sont encore perceptibles aujourd’hui.
Nous avons voulu également que cette manifestation accueille d’avantage d’intervenants et s’étende au-delà du secteur oriental de la colline de la Croix-Rousse. Eglise Saint-Denis, théâtre de la Croix-Rousse, musées Gadagne, bourse du travail, centres sociaux de la Grande Côte et de Pernon font aujourd’hui leur entrée dans Novembre des Canuts… et nous avons bien la ferme intention de ne pas nous arrêté là… puisque ce fut également la volonté des acteurs de La Fabrique du XIXème siècle
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