Le promeneur qui longe la place Bellevue s’étonne de voir une imposante statue dédiée à Sully Prud’homme. Or celui-ci est né à Paris en 1839 et même s'il a eu le premier prix Nobel de littérature en 1901 il ne semble pas qu’il fut un gone du plateau ou même des pentes. Seulement il avait par sa mère des origines croix-roussiennes. En 1911, Camille Hémon qui fut professeur de philosophie au lycée Ampère, a donné une conférence à la Société des Amis de l’Université où il révèle que le poète et philosophe aimait à venir se reposer dans la maison familiale de la rue des Gloriettes, aujourd’hui rue Joséphin Soulary. Une raison comme une autre d’avoir cette imposante œuvre. Reste qu’aujourd’hui Sully Prud’homme est tombé dans les oubliettes de l’histoire et de la littérature malgré les efforts de Lucky Luke et Morris dans l’album « Sarah Bernhardt » où l’on voit le cowboy solitaire protéger la comédienne des ligues de vertu et de la femme du président. Elle déclame toujours le même poème de Sully Prud’homme, du moins les deux premiers vers :
« Le vase où meurt cette verveine
D’un coup d’éventail fut fêlé ;
Le coup dut l’effleurer à peine :
Aucun bruit ne l’a révélé.
Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour
D’une marche invisible mais sûre
En a fait lentement le tour.
Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s’est épuisé ;
Personne encore ne s’en doute,
N’y touchez pas, il est brisé.
Souvent aussi la main qu’on aime
Effleurant le cœur, le meurtrit ;
Puis le cœur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;
Toujours intact aux yeux du monde
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde,
Il est brisé, n’y touchez pas. »
Bonjour... Tombé dans les oubliettes, Sully Prudhomme ? Pour la critique moderne, fatiguée de rechercher, de se plonger dans les textes et satisfaite de stéréotypes enkystés dans un conformisme paresseux, peut-être ! Mais pas pour tout le monde, notez-le. Son œuvre (superbe) m'intéresse, et je travaille à une bio-bibliographie moderne de l'auteur, qui permettra de la réévaluer à sa juste valeur. Laquelle est immense ! Ce poète vaut largement le fumeux Mallarmé, les brouillons Verlaine et Rimbaud ou le neurasthénique Baudelaire. Mieux, il les ridiculise ; le Prix Nobel de littérature qu'il reçut en 1901 ne s'y était pas trompé. On comprendra un jour le talent réel de ce poète, patience... Cordialement, Thierry Chevrier (Rethondes)
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